Le FMI "met la pression" sur les citoyens grecs

 

Un référendum qui scandalise la technocratie financière  et les "médias d'encadrement" (comme dit Habermas) :

 

  

Nos radios disent que le FMI et l'UE (qui s'en remet au FMI) « mettent la pression » sur le peuple grec : un rapport « classifié » du FMI, brusquement divulgué, déclare que si la situation économique de la Grèce est mauvaise, c'est  à cause de l'arrivée au pouvoir de Syriza « au cours de ces derniers mois ».

Nos télévisions s'offusquent de la question posée par le référendum. Elle suppose, disent-ils, que les citoyens aient lu la proposition des créanciers en date du 25 juin, alors que c'est un document de vingt pages « rédigé en langage financier ». Nos télévisions oublient que les citoyens français furent consultés par référendum sur le projet de constitution européenne, document de plusieurs centaines des pages rédigé en eurolangue (c'est-à-dire incompréhensible).

Télévisions et radios semblent choquées que le gouvernement grec fasse campagne pour le non ; elles ne sont pas choquées de la pression « mise » sur le peuple grec par le FMI, instrument des créanciers.

Elles ne se souviennent pas non plus que, lors du référendum français, la classe politico-médiatique en presque totalité « mit » la pression sur les citoyens français en faveur du oui. (Ce qui n'empêcha pas ceux-ci de voter non : vote dont la classe politico-médiatique ne tint aucun compte).

Quant à la tonalité dominante, elle est donnée par la phrase de Martin Schultz au Parlement européen : il annonce que les Grecs impressionnés par la campagne du FMI vont voter oui, que Tsipras va démissionner, et que la Grèce aura « un gouvernement de technocrates » (sic) qui lui appliquera la « proposition des créanciers » – bien qu'elle soit invivable pour le peuple grec.

Tout est dit : there is no alternative, l'engrenage tourne dans un seul sens, et si les citoyens d'un pays ne sont pas contents on a les moyens de les faire changer d'avis.

La palme de l'humour noir revient à cette déclaration de M. Dijsselbloem, président de l'Eurogroupe : « La situation se dégrade en raison du comportement du gouvernement grec ». En effet : s'il n'y avait plus de gouvernements (toujours « tentés par le populisme »), la technocratie financière ferait régner le rationnel.